jeudi 4 décembre 2008

Gloire passée ou Gloire future?

Giorgio Pantano expérimente actuellement la dure solitude des pilotes qui aspirent à une montée en F1 mais n’y parviennent pas. Pantano avait été galvanisé par le succès de Glock, sacré Champion GP2 2007, et revenu par la grande porte en F1 chez Toyota, après avoir déjà tenté sa chance avec Jordan en F1 sans parvenir à sécuriser une place. Ses propos désormais, font penser à ceux de Frank Montagny lorsqu’il comprit, une première fois chez Renault, une seconde fois chez Super Aguri; que la F1 ne lui ouvrirait jamais ses portes autrement qu’en tant que « stagiaire ».

Pantano a de quoi se sentir abandonné, mais semble ne pas comprendre pour quelle raison. Pour lui, son titre de Champion GP2 2008 aurait dû être le déclic pour relancer sa carrière. L’Italien de 29 ans a lui aussi déjà couru pour Jordan en 2004, année lors de laquelle il subit de plein fouet la domination d’un Heidfeld lui aussi déterminé à sauver sa carrière et sa réputation de pilote trop tendre.

Au vu de ses déclarations récentes, Pantano semble désormais abattu : « je mets au défi quiconque d’avoir un CV aussi bon que le mien. J’ai remporté deux titres mondiaux de karting, j’ai été devant en F3, de même qu’en F3000 et en GP2. Mais maintenant, on me dit qu’il n’y a pas de place en F1... C’est une mauvaise blague? Si vous n’êtes pas dans les petits papiers des bonnes personnes ou que vous n’apportez pas quelques millions de dollars en sponsoring, on est totalement indifférent à votre encontre. Je lis partout des choses sur Buemi et Senna. Mais qu’ont-ils fait? »



A l'image de cette photo, Pantano n'est pas au centre de l'attention.


Eh bien, Giorgio, on pourrait penser que 29 ans n’est pas un avantage pour débuter en F1. Que rester quatre ans en GP2 pour finalement remporter le titre lors de la dernière manche face à un Senna toujours tendre et un Di Grassi ayant manqué 6 courses sur la saison n’est pas la façon la plus convaincante de s’illustrer. Bourdais, avec un CV également bien rempli, en est toujours à devoir prouver sa valeur course après course, test après test, face à une génération de pilotes de parfois 10 ans ses cadets. « Je crois que je peux encore faire 6 à 7 saisons au top », rétorque le champion GP2 2008.

De même, je dois dire que j’ai été surpris par les récents propos de Nicolas Prost, fils de qui vous savez, se prenant à rêver publiquement d’un test au volant de la Ferrari F1 -rien que ça-. Il est normal, lorsque l’on est pilote, et dans une (relative) spirale de succès comme Prost, d’avoir un ego relativement centré sur soi-même, au point de faire fi de toutes les contraintes extérieures pouvant représenter des inconvénients majeurs. Le déni de la réalité (sportive, économique) en devient ainsi parfois frappant. Souvenez-vous de Christian Albers. J’espère que Prost ne rêve tout de même pas trop de ce baquet Ferrari (ou de n’importe quel baquet F1) et qu’il ne s’agit que d’une petite phrase lâchée comme ça, par malice, aux journalistes. La déception risque sans quoi d’être énorme.

Nicolas Prost : la même tête que son père; qu'en est-il du coup de volant?

Prost n’est également plus tout jeune, et n’a pas cette trajectoire fulgurante nécessaire pour atteindre le sommet. Cela ne remet en en cause son talent pur et le mal qu’il se donne pour faire son travail correctement, mais force est de constater que le marché de l’offre des jeunes pilotes talentueux est richement doté depuis quelques saisons, et que Prost n’est pas en tête de liste. Il faut se mettre en tête que le prochain Français que l’on verra peut-être au volant d’une F1 sera plutôt Perera, Bianchi ou…Loeb!

Puisque l’on parle de come-back victorieux avec le talentueux Glock, je vais me risquer à quelques avis personnels par rapport à quelques pilotes « oubliés » que j’ai revu cette saison préparer méthodiquement leur retour en Superleague Formula. Je dois dire que j’ai été très impressionné par Robert Doornbos. En plus d’être un excellent pilote, rapide sur le mouillé comme sur le sec, sachant de dépêtrer d’un pack de pilotes plus lents (grilles inversées); se qualifier aux avants-potes avec une régularité de métronome et d’être bien plus affûté physiquement que Pantano (ça saute aux yeux), le Néerlandais est un caractère vraiment rafraîchissant.





Doornos repart avec une Coupe de plus de Jerez et les journalistes avec d'autres anecdotes.


Robert est ultra-disponible avec les médias; vous savez aussi que vous aurez quelques phrases croustillantes ou boutades en conférence de presse s’il se trouve derrière le bureau. Il vit la course passionnément, sait reconnaître ses erreurs lorsqu’il en fait, s’emballe quand la voiture lui permet de voler. Il n’est pas avare de mimiques et d’expressions corporelles (un régal pour les photographes), et ne traîne visiblement pas un boulet de mélancolie comme d’autres pilotes talentueux qui estiment qu’ils devraient courir à un niveau plus élevé. Il m’a également impressionné, en passant également en A1 GP en plein milieu de sa saison Superleague Formula, et cumulant le baquet Superleague du Milan AC et des Pays bas en A1. Pour l’anecdote, il conclut sa première course A1, en n’ayant jamais vu la voiture avant le weekend de course, à la seconde place.


En réalité, partout où il va, Doornbos est un candidat à la victoire. C’était le cas face à Bourdais en Champcar. Doornbos travaille vraiment bien, sait motiver son équipe, et je crois dur comme fer que si un homme mérite un test en F1 pour être évalué de nouveau, il s’agit de lui. Je lui souhaite réellement un retour similaire à celui de Glock.

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