jeudi 4 décembre 2008

Les Tops et les Flops 2008 (1ère partie)

On aime à décerner des prix et titres honorifiques au moment où l'on arrive en fin de saison; une fois que suffisamment de recul a pu être pris sur l'ensemble d'un championnat, toujours fort animé.
C'est donc sans surprise que je me prête au jeu ici. Vous me passerez cela, mais comme j'ai coutume de dire, "les avis, c'est comme le derrière, tout le monde en a un". C'est pourquoi je vous invite à garder en tête qu'une part de subjectivité réside obligatoirement dans les choix faits ci-dessous. Voici ainsi les premiers titres que j'ai souhaité décerner...

Avant toute chose, même si cela n'est pas réellement le propos de ce billet, je tiens à souligner une statistique rarissime et notable : tous les pilotes ayant pris part au premier Grand Prix de la saison 2008 furent également là, dans les mêmes équipes, pour le dernier rendez-vous de la saison. Autrement dit, on ne vit aucun changement, aucun limogeage, aucune blessure n'amenant les équipes à changer de pilotes. Évidemment, Sato et Davidson, en raison de la disparition de l'écurie Super Aguri, ne purent disputer l'intégralité de la saison. Mais la stabilité en F1 n'a jamais été telle.


DÉBUTANT DE L'ANNÉE

Statistiquement, le phénomène Vettel n'était pas débutant en 2008. Il avait en effet pris le départ du Grand Prix des USA avec BMW en remplacement de Kubica après l'horrible crash de celui-ci à Montréal. Pour l'occasion, Sebastian s'était illustré en devenant le plus jeune pilote de l'histoire à incrire un point au championnat du monde, en finissant huitième. J'avoue ne pas vraiment accorder d'importance à cette statistique, dans la mesure où le vrai classement de points, dans mon esprit, restera l'ancien barème, qui récompensait les six premiers.



Vettel corrige un travers à Interlagos


Quatre points séparaient alors le vainqueur (10 pts) du second (6pts). A l'heure où Ecclestone parle de médailles, je manque de m'étouffer, pensant au fait qu'un retour à l'ancien barème serait bien plus adapté et récompenserait de nouveau dignement la victoire. Mais revenons-en à nos moutons.

Mon grand soucis est que Timo Glock, à qui j'aurais également volontiers décerné ce titre, n'est pas non plus débutant en F1. Timo avait en effet pris le départ avec Jordan, scorant au passage quelques points sur tapis vert au Canada. Nakajima avait lui couru avec Williams.
Ne restent donc que Bourdais et Piquet. Et là, je suis bien embêté. S'il est évident que Piquet n'a pas démontré une grande capacité à galvaniser sa machine poussive en début d'exercice, et ne fut pas non plus très impressionnant lorsque Renault reprit du poil de la bête en dernier tiers de saison; que dire de Bourdais? Des occasions gâchées, certes à son insu en certaines occasions, un contexte instable ruinant psychologiquement un pilote fonctionnant au moral, mais tout de même une capacité d'adaptation étonnamment difficile, et un bilan comptable dur, très dur : 4 points, contre 35 pour son coéquipier Vettel, monté à neuf reprises dans les points, contre deux pour le Manceau. Deux septième places. Rappelez-vous ce que je vous disais. Il y a quelques années, Bourdais aurait eu un score vierge. On peut trouver toutes les excuses du monde à Sébastien, le fait est qu'une saison de F1, une carrière de F1, est faite d'évènements imprévisibles, de situations difficiles, de pluie, de conditions défavorables et de malchance; tout ceci arrivant de façon aléatoire. C'est le sport. La donne est la même pour n'importe qui veut atteindre le sommet de ce sport.



Moteur en fumée, Massa perd 10 points en Hongrie et rentre "vainqueur psychologique".


Massa peut geindre sur son moteur cassé en Hongrie, sur les lacunes de son équipe dans les stands; il perdit tout de même 14 points sur Hamilton lors des deux premières manches de la saison par sa simple faute. Mais Massa sut se montrer fort et prouver qu'une saison est faite de hauts et de bas; et sa dernière course à Interlagos l'illustre formidablement dans la mesure où il s'agit d'un exploit (il gagna son troisième GP à domicile consécutif) qui restera aussi la plus grosse déception de sa carrière (Hamilton le bat pour un point au championnat).

Je me garderai donc d'élire un rookie de l'année et de trancher. Si pour certains, une hiérarchie se distingue clairement entre Piquet et Bourdais, ce n'est pas évident pour moi. Quatre titres en Champcar n'y feront rien: Piquet fut vice-champion GP2 2006, l'année où il fut le seul à savoir lutter contre Hamilton.


Bourdais: Jean qui rit, Jean qui pleure, Jean qui pleure, Jean qui pleure...



COURSE DE L'ANNÉE

Il y en a eu, des courses haletantes, en 2008. En réalité, ce fut un grand cru. A tous les échelons, lors de presque chaque évènement, des circonstances extraordinaires ont animé cette saison. A la pluie et, première, la nuit, se sont ajoutées les erreurs humaines, les mécaniques cassant dramatiquement ou les décisions discutées des officiels sur les agissements des pilotes en piste.

Ainsi, il est de nouveau difficile de hiérarchiser en ne retenant qu'une course. L'Australie fut intense, du fait du nombre d'abandons rarement aussi nombreux en F1 moderne; Montréal, Silverstone, Monza, Singapour, et bien entendu Interlagos furent de grands weekends de F1.

Mais je retiendrai Spa Francorchamps. La première raison est que la présence de ce joyau au calendrier ne devrait même pas être discutée un seul instant. Plus que toute autre piste (mis à part Suzuka et Monaco), Spa représente l'un des derniers grands défis de la F1; un transfert de la F1 des décennies passées à notre nouveau siècle.


Le duel Raïkkönen/Hamilton à Spa. Un moment qui restera dans les annales.


La seconde raison pour justifier ce choix vient du fait que Spa fut le théâtre ultime de la lutte que j'ai attendue toute cette saison 2009: Kimi vs Lewis. Deux pilotes; deux hommes, pas infaillibles, l'un comme l'autre. L'histoire retiendra deux choses: que Lewis reçut une pénalité après la course qu'il franchit physiquement en vainqueur; ce qui donna la victoire sur tapis vert à Massa; et que Kimi sombra, passager de sa monoplace, contre un mur après un aquaplanning dément.

On ne m'ôtera pas de l'idée que cette minute de course fut l'un des tournants majeurs de la saison 2008. Pour la simple et bonne raison qu'à ce moment là, Kimi perdit toute raison de se battre aussi durement pour les courses futures, là où une victoire aurait décuplé sa rage de refaire un casse similaire à celui de 2007 en fin de saison.

Mais Spa, ce fut justement une course de grands pilotes, qui de décida à chacun des hectomètres des 305 km. L'avantage psychologique entre les protagonistes a basculé à maintes reprises d'un camps à l'autre, et mieux : plusieurs fois, chacun s'est vu héros ou zéro. Le plus beau, dans tout cela, c'est que cet affrontement n'a pas encore mis d'accord tous ceux qui l'attendaient; les pilotes les premiers! Il faudra un autre Grand Prix de la même facture pour revoir deux des plus grands pilotes en activité s'expliquer et se départager. Et vous savez quoi? J'aimerais que ce soit à Spa.


PILOTE DE L'ANNEE


Décidément, c'est lorsque l'on se lance dans un tel exercice que l'on se rend compte de la complexité des paramètres à prendre en compte pour ne faire ressortir qu'un seul nom. Le Times a élu Fernando Alonso. Beaucoup ne jurent que pas Kubica, qui se plaint maintenant, c'est un peu fort de café, que BMW ne l'a pas soutenu dans sa conquête du titre pilotes en fin de saison. Peut-être Robert devrait-il se demander où il serait si BMW n'avait pas misé sur lui lors de cette saison où la monoplace de Munich fut l'une des armes les plus redoutables du plateau... Mais passons.

Le pilote de l'année a fini huitième du championnat, et se nomme Sebastian Vettel. Vettel est arrivé au sein d'une structure Toro Rosso qui laissait présager une année de galère totale, en fond de grille, à se battre contre son coéquipier et les Force India. Mais c'est un conte de fées qu'a vécu le jeune Allemand, à ceci près qu'aucun génie, si ce n'est le sien, n'est venu exaucer ses voeux. Sa saison, ses performances, Vettel ne les a pas sorties d'une lampe magique. Elles furent le fruit d'un pilotage inspiré, régulier, et diablement rapide. Son caractère faisant l'unanimité dans le paddock a clairement fait basculer le team de son côté du garage, et Bourdais ne peut prendre cela comme le signe de son immense besoin de fédérer et passionner les gens qui l'entourent. Toro Rosso n'a pas abandonné Bourdais : Vettel a gagné son équipe. La nuance est fortement importante.



Attaque maximale et sang-froid toute la saison.


Combien de temps Vettel restera-t-il chez RedBull, chez qui il disputera la saison 2009? C'est une sacré question. Car qui le voit réellement rester dans l'écurie du Taureau Rouge? Aussi prématuré que cela puisse paraître, il semble que même en dépit d'une excellente saison 2009, RedBull ne trouve pas d'arguments suffisamment solides pour conserver son prodige. BMW a lancé Vettel, et garde des liens étroits avec lui. McLaren finira par devoir concéder que Kovailanen serait d'une plus grande aide à Force India. Et Vettel commence à dire que piloter une Ferrari est un rêve de gosse -qu'il est encore-! La venue possible de Button sur le marché en cas de disparition de Honda risque-t-elle de couper une belle option sous les pieds de Vettel? Affaire à suivre...

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