lundi 24 novembre 2008

Ambitions court-circuitées : comment trouver une nouvelle courbe?


Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en ce moment, lorsque l'on est promoteur d'un circuit international, on ne doit pas faire que des nuits paisibles.
De la même façon qu'un roc tel que PPDA n'était pas indispensable au J.T. De TF1 d'après les responsables de la chaîne, il semblerait que certaines institutions « indétrônables » que sont les pistes légendaires et historiques ne soient en réalité que des colosses aux pieds d'argile, et ne se trouvent pas non plus à l'abri d'un passage à la trappe.
De nombreux circuits ont ces dernières années apporté de grandes améliorations (mises à niveau, selon le point de vue) à leurs infrastructures, au prix d'investissements contraignants, afin de ne pas perdre (trop) de terrain sur les nouvelles dates Orientales faisant leur apparition dans le calendrier F1. Ainsi, Monaco a revu la taille de ses stands, les équipes se plaignant d'une capacité d'accueil insuffisante; Montréal a investi massivement dans une nouvelle salle de presse hi-tech inaugurée cette année, adaptée aux exigences de l'accueil média; Hockenheim, Silverstone, Magny-Cours et d'autres se sont régulièrement remis en question par des actions concrètes pour convaincre Bernie Ecclestone que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs.

"Et si on virait Monaco pour organiser un GP sur la lune?"


Mais les tacles assassins continuent d'être distribués méthodiquement, - l'agresseur étant aussi l'arbitre lui-même - , et ce sont ceux qui les reçoivent qui prennent également le carton rouge.
Après le vieil Hockenheim et ses légendaires lignes droites; après le tracé japonais de Suzuka que de nombreux pilotes et observateurs considèrent comme le juge de paix mondial et qui a vu tant de d'haletantes finales du championnat s'y dénouer; après Spa Francorchamps, qui ne sait plus sur quel pied jongler depuis que les commanditaires cigarettiers, jusque-là VIP, se sont vus donner des coups de pieds dans le derrière par l'Union Européenne; après Imola, stigmatisé éternellement comme le circuit sur lequel Ayrton Senna trouva la mort et considéré comme une piste relativement fade en dépit de la chaleur humaine diffusée par les milliers de tifosi présents; après Indianapolis, du fait du désintérêt Américain pour la F1 et du tristement célèbre Grand Prix lors duquel seules six monoplaces prirent le départ; voici donc Magny-Cours et Montréal sur la liste des abonnés à la touche. On peut dire que ça commence à faire beaucoup. Les raisons sont variées; de la simple embrouille ou antipathie entre Bernie et les promoteurs (exemple : Silverstone), à un manque d'infrastructures ou de budget, en passant par la quête de nouveaux marchés pour les constructeurs représentés en F1 et d'audiences télé asiatiques massives pour les annonceurs; parfois, tout à la fois.






L'épingle du Casino, tribune passionnée, à Montréal


Au risque de faire hurler un grand nombre d'entre vous, je ne regretterai pas le tracé de la Nièvre. Du moins, pas la venue de la F1 sur cette piste. Comme dit Bernie : « Le problème c'est n'est pas de GP de France, c'est qu'il se tienne à Magny-Cours ». A vrai dire, ça tombe sous le sens. Je ne tire pas sur une ambulance, mais le circuit français a rarement offert au cours de la dernière décennie ce que j'estime être une course excitante. En tant que puriste, j'aime toute occasion lors de laquelle une F1 se produit sur un morceau de bitume. Je suis pourtant sentimentalement attaché à la piste, y ayant assisté à mon premier Grand Prix en tribunes en bonne compagnie, en 2000 (souvenez-vous du majeur tendu de Coulthard, vainqueur, adressé à Schumacher dans l'épingle d'Adélaïde, « revanche » d'une rancoeur entre les deux hommes datant de Spa 1998).
Bref, on ne peut toujours rejeter la faute sur le compte du manque de dépassements, de l'ultra-domination d'une équipe, ou des courses se jouant dans les stands. Même la Hongrie, tracé réputé soporifique, offre de meilleures courses que Magny-Cours. Je n'aborderai pas l'argumentaire répétitif mentionnant le (non) réseau routier menant à la piste campagnarde, ou la médiocre capacité hôtelière environnante. Les représentants du circuit de Magny-Cours étaient ce weekend en « visite de courtoisie » à Jerez, sur les lieux où se produisait la Superleague Formula. Il est fort probable qu'un club de football français donne son feu vert l'an prochain pour se lancer dans la série; et Magny-Cours cherche d'autres disciplines à faire venir pour ne pas être oublié au profit du Ricard. En parlant de Jerez, nombreuses sont les pistes, qui, après leur éviction du calendrier F1, ont su se créer une grande réputation sans que la F1 ne s'y produise. La Superleague est passée cette année à Zolder, Vallelunga, Estoril et Jerez, pour ne citer que celles-ci; autant de pistes grandement reconnues et s'en sortant à merveille.




Il y a une vie après la F1


En revanche, le fait est que Magny-Cours, comme de nombreux circuits disparus mentionnés auparavant, attire du monde en tribunes et demeure un événement populaire. Bien plus qu'à Barhein ou en Chine; laquelle perd visiblement beaucoup d'argent à en croire l'actualité récente et les rumeurs de retrait de la nouvelle piste pharaonique du calendrier. Le Canada et Silverstone sont aussi des pistes autour desquelles il fait bon venir s'agglutiner au milieu d'autres passionnés. La chaleur humaine est unique dans une tribune du circuit Gilles Villeneuve, qui ouvre d'ailleurs la pit-lane gratuitement au public le jeudi, offrant une occasion unique de voir les mécanos et les équipes, et même quelques pilotes au travail. Il s'agit, d'après ma propre expérience, d'un rendez-vous unique qu'il est catastrophique de supprimer. Ôter des dates européennes trop nombreuses; soit. Ne plus venir du tout sur le continent Nord-Américain et limiter les venues Outre-Atlantique à l'unique date du Brésil n'est en revanche pas digne d'un championnat se revendiquant mondial.








Garage Ferrari, Pit-lane du jeudi, Montréal 2008

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