mercredi 19 novembre 2008

Avant de plonger, il faut sonder.

C’est l’époque des sondages et des bilans de fin de saison. Chaque magazine, site Internet, journal ou même forum de fans se lance dans cette grande question qui a le mérite de susciter les réactions passionnelles les plus extrêmes : qui a été le meilleur? Réponses objectives et mauvaise foi sont souvent au rendez-vous, statistiques et réécriture de l’histoire à l’appui, mais certaines analyses permettent toutefois de donner un panorama relativement représentatif de l’opinion des observateurs de la F1.

Ainsi, vous avez probablement lu cette information concernant le choix des lecteurs British (c’est important) du Times, à la question « Quel fut le meilleur pilote de la saison 2008 ?». Hamilton? Détrompez-vous! C’est bel et bien son ami « je n’ai pas de problème avec Lewis » Alonso, qui a été élu! Ainsi, la grande information que l’on peut retirer de ce sondage, est que les observateurs anglais aiment la F1 pour la F1, et non pas uniquement pour Hamilton. J’entends de plus en plus de Britanniques me dire qu’il y en a ras-le-bol du Hamilton ceci, Hamilton cela lors des retransmissions télévisées de ITV. Il faut dire qu’à Monza, pendant que Sebastian Vettel se dirigeait vers la toute première victoire de sa carrière, sur Toro Rosso, faisant de lui le plus jeune vainqueur de l’histoire de la F1, Steve Rider, le commentateur d’ITV, nous gratifiait d’un « Vettel mène toujours la course, mais regardez, Hamilton, a encore gagné une place et pointe maintenant à la 14ème position »!


Malgré tout, recadrons les choses, il est logique que l’on se soit emballé Outre-Manche pour Lewis dans la mesure c’est l’enfant du pays, qu’il luttait pour le titre, et était dans l’œil du cyclone suite à sa manœuvre discutable et discutée dans la chicane de Spa. Mais les fans avertis (et un homme averti en vaut deux comme disait si bien Coluche) se seront tout de même lassés du fait que certaines retransmissions ne gravitent qu’autour de Lewis. Les spectateurs ont leur propre jugement et n’acceptent que difficilement qu’un commentateur TV leur suggère de quoi penser à propos d’untel ou untel. En revanche, les jugements et partis-pris sont bien mieux tolérés à la radio ou dans la presse écrite, où prises de positions radicales sont bienvenues, pour ne pas dire attendues fermement.

Ainsi, j’en profite pour adresser une amicale pensée à mon messie Julien Fébreau, de RMC, que j’ai rencontré pour la première fois passablement énervé par le snobisme dont avait fait preuve Nelsinho Piquet à son égard lors d’une interview (tandis que son compère Patrick Tambay fulminait contre l‘adversaire ayant envoyé son fils aux pâquerettes en Formule BMW). Les ondes françaises avaient alors crépité de bons mots; les oreilles de petit Piquet ont dû également siffler et crépiter quelque peu.


Pierre Van Vliet, ayant été le premier à m’offrir un espace publié dans son F1i Magazine spécialisé, n’a pas manqué non plus, régulièrement, de me rappeler à quel point l’engagement de celui qui tient le stylo est important. Au risque de faire grincer des dents. Pierre fut l’un de ceux qui osa, sans détour, proposer sa vision désabusée de l’affaire Max Mosley, ne cherchant aucunes excuses au Président de la FIA pour ses actes hors-pistes, comme pour certaines de ses prises de décisions politiques.





Pour en revenir à nos moutons (mais non, je ne parle pas des fans!), cette année, j’ai participé au sondage du Red Bulletin; décalé, comme vous pouvez vous en douter. L’une des questions outrancières de ce questionnaire était « quand Fernando signera-t-il chez Ferrari? »… On pouvait aussi dire qui serait un bon patron d’écurie (la rédaction a sans doute reçu un paquet de private jokes des insiders du paddock pour celle-ci), ou encore qui serait champion 2009, une irrévérence classique du Taureau qui donne des ailes quand on sait que le titre 2008 n’était même pas joué, le sondage ayant eu lieu lors du GP du Japon.
La question qui m’a le plus intéressée fut celle où l’on demandait aux sondés de déterminer qui était le pilote méritant le plus d’être en F1 l’an prochain. Je ne vous dirai pas qui j’ai désigné, mais il s’agit d’un pilote en activité.

Depuis quelques années, cependant, le sondage le plus représentatif et complet est celui mené par la revue internationale F1 Racing. Souvent en partenariat avec un gros sponsor, le magazine spécialisé lance cet hiver encore son grand sondage, appelé « Man of the Year ». Les chiffres des différentes récompenses sont ensuite décortiqués par la rédaction et permettent de sortir à l’intersaison un numéro spécial garni d’une vingtaine de pages sur le sujet. Au passage, les lecteurs sont interrogés sur les aspects qui pourraient être changés dans leur sport favori, et leur voix est utilisée pour proposer aux instances dirigeantes du sport des évolutions concrètes et une image de l‘opinion publique sur des sujet comme l’introduction du KERS, le retour aux slicks, ou encore sur l’importance des vues de caméra embarquées et des communications radio dans une retransmission TV. Mais il s’agit aussi pour le magazine d’un redoutable outil commercial, permettant de définir quelle est la cible non seulement du sport auto, mais du magazine.




Ainsi, l’étude menée (mais pas publiée dans le titre) révèle que sur les 15.000 personnes ayant répondu au sondage Internet 2007, 86% sont des hommes; 68% sont propriétaires, 61% ont assisté à un Grand Prix dans l’année, 30% sont Britanniques, 1% Indiens, sans parler des statistiques accumulées sur les revenus du foyer ou du nombre de véhicules possédés. Un test de reconnaissance des marques impliquées en F1 est également proposé. Ainsi, un sponsor d’écurie peut clairement savoir si sa marque est associée par les fans à la F1. Un procédé redoutable, qui permet par la suite de cibler encore plus précisément les contenus publicitaires du magazine et de proposer, rassurez-vous, tout le monde n’en veut pas qu’à votre argent, un contenu plus approprié par rapport à vos attentes.

1 commentaire:

  1. Au sujet de F1 racing, il n'y a pas eu de sondage "Man of the Year" cette année ? (ou alors j'ai loupé...) Je me demandais si cela était dû au fait qu'ING avait lancé son propre sondage...

    RépondreSupprimer

Réagir à cet article