mardi 18 novembre 2008

Telenova à suspense; la saga de l'hiver




DI GRASSI --- SENNA





UN SEUL BAQUET HONDA


Les telenovelas, ce sont ces feuilletons hispanophones qui connaissent un grand succès auprès de la ménagère latina, et qui animent le petit écran de milliers de foyers en Amérique Latine ou de l'autre côté des Pyrénées.

Et un feuilleton Brésilien passionnant à suivre, en ce moment, c'est celui de la saga Honda/Toro Rosso, et en particulier, la trajectoire de Bruno Senna.


Résumé des épisodes précédents. Bruno Senna est le neveu d'Ayrton. Sa famille ne voulait pas qu'il coure en compétition automobile, en raison du funeste destin de son illustre ainé, devenu légende du sport; l'incarnation de la sagesse et de la compétition à son stade le plus passionné. Ayrton Senna fut, et restera une reférence, peut-être la référence du pinacle du sport automobile. Adulé ou haï, comme tous les grands champions, il ne laissait en tous les cas pas indifférent.

« Si vous croyez que je suis rapide, attendez de voir mon neveu », dit un jour Ayrton alors qu'un documentaire était filmé sur lui, en compagnie de Bruno, encore bambin, qu'il défiait à jet-ski.

Aujourd'hui, Bruno a grandi. C'est un jeune homme avec une trajectoire assez hors du commun pour un pilote professionnel, dans la mesure où il n'a que quatre saisons d'expérience de courses sur circuits, contrairement à ses homologues, qui, à 25 ans, ont plus de 15 ans de bouteille.

Avant que l'on ne m'accuse de bourrage de mou, mettons les choses clairement à plat : oui, je suis un admirateur de Bruno. Je n'énumèrerai pas là les maintes raisons faisant que le jeune Brésilien suscite tant d'intérêt chez moi depuis que j'ai appris qu'il courrait en GP2 en 2007, mais le fait est que son magnétisme fonctionne sur moi. Il ne s'agit pas de nostalgie, de réminiscences... Je n'ai que peu connu l'ère d'Ayrton, et avais pour idoles Mansell, Berger ou Alesi, Irvine et Coulthard.



C'est facile à dire aujourd'hui, au vu des circonstances, mais depuis que j'ai commencé à suivre la carrière de Bruno début 2007, je n'ai jamais douté du fait qu'il arriverait à monter les échelons menant à la discipline reine. Encore plus cette année, avant que les premières rumeurs l'annonçant chez Toro Rosso ne jaillissent, il paraissait inconcevable à mes yeux que le marché des transferts hivernaux ne soit largement alimenté par les spéculations au sujet de l'avenir du Brésilien. Et ce, même en dépit de résultats ébouriffants. Le fait est que Bruno s'est bien battu, restant en lice jusque dans la dernière manche pour le titre face à Giorgio Pantano, finalement couronné à Monza. De la même façon que j'ai eu la chance d'avoir conscience du phénomène Hamilton depuis l'âge de 16 ans, Senna a attisé ma curiosité, et je crois en lui.



Je me rappelerai toujours de ma première rencontre en tête-à-tête avec lui, en Hongrie cette année. Alors attablé dans le motorhome d'hospitalité du GP2 avec sa garde rapprochée féminine, et me voyant arriver avec ma veste Bridgestone, Bruno s'est levé, est venu me serrer la main, m'a adressé quelques mots dans un anglais impeccable, et m'a indiqué où se trouvait la machine à expresso! Je ne pense pas que Bruno pourra encore se permettre cette proximité avec chacun une fois en F1, mais les bases ont été posées en un quart de seconde. N'y voyez pas une attitude marketing calculée ou une arrière-pensée intéressée de la part du Brésilien. Il est juste franchement sympathique et cordial. Bien entendu, Pedro Diniz l'était aussi, à son époque! Et cela ne suffit pas, bien entendu, pour être pilote au niveau visé par Senninha!



Il est pas étonnant que Bruno, oublions son nom de famille et sa ressemblance physique avec son oncle un instant, connaisse une ascension telle que celle qu'il vit actuellement. Ce caractère, ce professionnalisme et son approche de la course en font déjà un grand communiquant, une promesse d'avenir glorieux : un jeune homme qui a compris qu'être pilote de course, c'est être rapide, mais aussi savoir être metteur au point, être capable de fédérer une équipe autour de soi pour qu'elle donne le meilleur d'elle-même, savoir être disponible avec les sponsors, qu'il attire comme des mouches (là, son nom est un vrai atout) ou encore les journalistes; faire partie du milieu, dans sa globalité. Bruno a ainsi fait le choix de loger dans un motorhome privé, aux abords des pistes de courses, tout comme le faisaient Coulthard ou Villeneuve avant lui.

Mais revenons à notre feuilleton, si vous le voulez bien. Le fait est que Bruno n'est pas le seul Brésilien talentueux à vouloir son baquet en F1. Outre le vice-champion GP2 2007 Nelsinho Piquet, qui est parvenu, après une période de doutes, à conserver son volant Renault, la concurrence venant du pays de la samba est rude. Rubens Barrichello, le pilote ayant pris part au plus grand nombre de GP de toute l'histoire de la F1, ainsi que Lucas Di Grassi, l'un des grands rivaux de Senna en GP2 cette saison, sont tous deux bien décidés à obtenir leur titre de transport dans l'une des 20 monoplaces les plus rapides du monde en 2009.

Les possibilités pour piloter en F1 l'an prochain sont désormais limitées. Tout semble bloqué du côté de Force India, qui vient d'officialiser un partenariat technique avec McLaren Mercedes. Woking va s'empresser de tenter de placer ses protégés en Pedro de la Rosa ou Paul Di Resta, sachant que Fisichella et Sutil ont déjà, en théorie, également, un contrat 2009. Restent donc un baquet Honda -celui de Rubens Barrichello- et un, peut-être deux, sièges chez Toro Rosso. Senna, Di Grassi, et Barrichello sont en course pour le volant Honda. Quoiqu'il en soit, c'est un Brésilien qui décrochera la timballe d'argent, Petrobras, le pétrolier Brésilien sponsor de Honda, poussant pour avoir du sang neuf local.



A la liste des candidats au volant Toro Rosso viennent s'ajouter le Suisse Sébastien Buemi, le même-pas-mort Takuma Sato, et le pas-encore-abattu Sébastien Bourdais, visiblement loin d'être sûr de se voir donnée la chance de rempiler. Senna aurait lui reçu une offre de 14 millions de dollars de l'équipe, qui revendique pourtant des difficultés à boucler son budget 2009 (et ainsi le maintien de Bourdais dans l'équipe).

Ces deux derniers jours, à Barcelone, Di Grassi et Senna ont eu de façon équitable le volant de la Honda, et ont été étalonnés par rapprot à la référence maison en la personne de Jenson Button. Alex Wurz, pilote d'essai, a également été sollicité pour juger du feedback des deux apprentis. Ross Brawn et toute l'équipe verte ont également appuyé le test de nombreuses visites des deux pilotes GP2 à l'usine du team. Tous deux ont été capables de s'aligner de façon convaincante face à la tâche qui leur a été présentée, et l'on se gratte maintenant la tête du côté de chez Honda pour savoir quelle suite donner à cette évalution.

C'est alors que j'ai une pensée pour Luca Filipi, qui va connaître d'ici peu le symptôme Nick Heidfeld : Ayant été soutenu par Honda F1 et leur pilote essayeur ces deux dernières saisons, le jeune Italien, 4ème du championnat GP2 en 2007 et 19ème cette saison, et critiqué ouvertement par son ancien employeur Frédéric Vasseur (ART GP), va voir tous ces jeunes gens lui ravir la place qu'il pensait tenir dans le coeur de l'équipe Nippone. Heidfeld avait été formé à l'école Mercedes et pensait tenir son passe-droit pour l'équipe McLaren pour la saison 2002 une fois Häkkinen parti à la retraite; mais c'est son coéquipier Sauber Kimi Raïkkönen qui avait décroché le pompon. Filipi aura sans doute beaucoup de mal à se remettre de cette situation, n'étant plus, de loin, l'un des favoris à court, ni même moyen terme, pour accéder à la F1.



Comme dans toute bonne Telenovela qui se respecte, il faut un héros mis en exergue par un farouche rival, et troisième larron, dindon de la farce...





Vidéo Auto/Moto retraçant la carrière pré-GP2 de Bruno Senna et sa relation avec Ayrton.


Le site web officiel de Bruno Senna (anglais)
http://www.brunosenna.com.br/index_new.asp

Le site officiel de Lucas di Grassi (anglais)
http://www.lucasdigrassi.com.br/eng_home.php

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