samedi 15 novembre 2008

Et si Kimi n'avait pas eu sa Super Licence?


Vous vous rappelez sans aucun doute d'Enrique Bernoldi.
Probablement que le souvenir que la majorité des fans de F1 gardent de lui restent les interminables tours que Coulthard a passé derrière lui à Monaco. Tours que l'Ecossais a qualifié de «l'un des pires moments de ma carrière » lors d'une interview juste avant de prendre sa retraite.



Soutenu par RedBull, ce qui a lui a valu de la part de nombreuses personnes une réputation de « pilote payant », Bernoldi a fait un passage en F1 chez Arrows en 2001, et a été associé à des ainés rapides en Heinz Harald Frentzen et Jos Verstappen, face auxquels il n'a pas été ridicule. Cependant, encore vert, Enrique commettra trop de boulettes qui lui coûteront son crédit auprès des patrons d'écurie.


Le jeune Brésilien est un pilote très sympathique et discret, souriant, limite timide.
J'ai eu l'occasion de le côtoyer lors du weekend de Superleague Formula, à Vallelunga, il y a deux semaines. Enrique s'était vu confier la monoplace de l'équipe de Tottenham, mais ne put défendre les couleurs du team en raison d'une blessure à la main. De retour à l'hotel, dans la navette, des officiels et des journaliste, et ce type au visage juvénile, la main enrubannée dans un bandage, sur lequel tout le monde se retourna. Amusé, Enrique nous salua d'un "I'm not the guy you think I am!"

Il s'installa au fonds, juste derrière moi. J'ai laissé traîner mes oreilles alors qu'Enrique discutait avec un officiel de la série.
Nous étions tous tenus en haleine par le weekend de course d'Interlagos, qui allait sacrer soit son compatriote Felipe Massa, soit Lewis Hamilton. Enrique fut interrogé sur sa préférence, mais ne s'est pas trop mouillé, disant qu'il ne connaissait pas assez les deux rivaux pour savoir lequel méritait le plus le titre. Il a quand même lâché que Hamilton l'impressionnait.

Cependant, il lâcha une information qui ne manqua pas de susciter ma curiosité. « Le meilleur de tous, c'est clairement Kimi. Il est vraiment au dessus du lot ». Puis il a rit, et dit « J'ai de quoi lui en vouloir, à Kimi, il a fichu ma carrière F1 en l'air! ». Et d'enchaîner: « J'avais un contrat Sauber Petronas, pour la saison 2001. La voiture permettait de se montrer, en faisant du bon boulot. C'est RedBull qui avait poussé pour que je puisse y être. Mais Kimi est arrivé, et il a bluffé Peter [Sauber], qui a voulu le signer absolument, faisant fi de notre accord. Mais Kimi n'était pas sûr d'avoir sa super licence, et la FIA lui a donné un titre conditionnel pour 4 GP. » Pour recadrer au cas où cela vous échapperait, la Super Licence est le titre (payant) que doivent obtenir les pilotes pour avoir le droit de courir en F1.



Enrique a baissé le ton, et dit « Honnêtement, j'étais déçu, mais je pensais récupérer le volant au 5ème GP de la saison! Au lieu de ça, Kimi a été excellent, et on connaît la suite. Mais quand je dis que je lui en veux, ce n'est pas sérieux, il mérite vraiment son parcours. Je n'ai pas de problème avec le fait d'avoir été préféré à un pilote que je reconnais être meilleur que moi ».
Inutile de dire que je n'en revenais pas d'une telle humilité de la part d'Enrique. J'admire ce fair-play. Et voilà une anecdote à laquelle je ne m'attendais pas. Enrique a été casé par RedBull chez Arrows, qui avait aussi le taureau rouge sur le capot moteur du team de Tom Walkinshaw. Le fait de savoir que Bernoldi aurait été dans la Sauber si Kimi s'était raté m'a laissé songeur depuis. Mais force est de reconnaître que Peter avait vu juste.

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